Page 19 - GESI n°96 // Mai 2022
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- C’est là que les portes de l’alternance s’ouvrent à toi ?
- Oui j’ai fait une alternance de deux ans en CAP électricité dans une petite entreprise de la côte, puis un BP électrotechnique dans une entreprise du Mans. A la fin de cette formation, je voulais découvrir les domaines de la mécanique, de l’hydraulique, du pneumatique. On m’a proposé un Bac Pro en maintenance des équipements industriels dans une entreprise de location de matériels de Cherbourg. C’est là que j’ai découvert l’automatisme. J’ai terminé premier de la promotion et le CFAI m’a proposé un BTS maintenance industrielle dans l’entreprise Howmet à Caen. Cette entreprise conçoit des pièces ultra-résistantes pour l'aéronautique, le spatial ou encore la défense sur le principe du moulage dit « à cire perdue ». Après mes débuts dans le service maintenance, j’ai rapidement intégré le service automatisme. Après mon BTS, j’ai voulu me spécialiser dans l’automatisme. On m’a dit qu’une licence SARI allait être compliquée, donc je suis venu aux portes ouvertes de l’IUT de Cherbourg et j’ai signé pour un DUT GEII toujours en alternance.
- C’est là qu’on se rencontre et que je te mène la vie dure avec les maths...
- Oui, j’ai découvert la différence entre un BTS et un DUT. Un BTS est beaucoup plus technique, le DUT étudie plus en profondeur les systèmes, la théorie. Dans l’un on est dans les armoires électriques, dans l’autre on fait des travaux pratiques sur ses composants. Côté entreprise, mon maître d’apprentissage a quitté l’entreprise et je me suis retrouvé à occuper son poste de référent automatisme. J’ai dû prendre des responsabilités et compléter par moi-même ma formation professionnelle.
A part le fait de finir à 18h30 le soir,
je n’ai rien à redire sur le système français
- Ton DUT en poche, tu as pu atteindre ton objectif de licence SARI ?
- Oui, j’ai poursuivi mon alternance dans la même entreprise pour une dixième année d’apprentissage. J’étais le mieux payé de la promotion, car j’étais au maximum de salaire possible en apprentissage grâce à mon parcours. C’est là que les vacataires de la société ORANO qui intervenaient en licence m’ont proposé un contrat. ORANO (connu sous le nom d’AREVA pour moi) c’était un rêve professionnel. Tout le monde connaissait l’entreprise chez moi. J’ai accepté !
- Que retiens-tu de ton parcours scolaire ?
- A part le fait de finir à 18h30 le soir, je n’ai rien à redire sur le système français. J’ai été bien accueilli partout où je suis allé. J’ai trouvé des enseignants qui ont pris le temps de m’aider lorsque j’en ai eu besoin. Je regrette presque de ne pas avoir continué sur une école d’ingénieurs. J’étais en couple, j’avais envie d’acheter une maison, je me suis même marié ma dernière année à l’IUT. Mais avec la réforme en cours menée par l’IUMM, les missions dont j’ai la charge dans mon entreprise devraient me permettre de passer cadre et être reconnu comme un ingénieur prochainement par validation d’expérience.
Je crois qu’un passage sur le terrain
« le nez dans les armoires » est essentiel
- Du coup, parle nous de tes missions chez ORANO.
- Je suis responsable d’études opérationnel contrôle commande. Il s’agit principalement du maintien en condition opérationnelle des unités de production des usines du site de la Hague. Mon rôle est de répondre aux demandes de modification du client. Une fois la demande établie, je dois spécifier, chiffrer, faire tester les programmes en plateforme et vérifier la
conformité de la mise en œuvre proposée pour la réalisation. J’ai passé ma formation dans les armoires électriques, à câbler et coder les automates, aujourd’hui j’ai pris de la hauteur, j’ai une vue d’ensemble.
- Et avec le recul, quelle partie te plaît le plus ?
- La question n’est pas simple. Le contact du terrain me manque, mais il ne faut pas non plus rester à faire toujours les mêmes choses. Pour le poste que j’occupe aujourd’hui je crois qu’un passage sur le terrain « le nez dans les armoires » est essentiel. Des collègues arrivent après leur bac +5 en bureau d’études. Ils ont vu à l’école comment installer quand tout est de niveau. Mais dans la vie de tous les jours, ça n’est jamais de niveau... Il faut savoir s’adapter, modifier, se remettre en question, trouver l’information. C’est ce que ma formation m’a apporté.
- Dans ce contexte, penses-tu que l’école t’ai apporté cette autonomie ?
- Mon parcours d’alternant a fait que bien souvent j’ai dû me débrouiller seul sur le terrain avec des situations nouvelles. J’ai retrouvé ça dans la philosophie de l’enseignement technique à l’IUT. On nous fait chercher dans la doc technique sans nous donner tout de suite la réponse. Ça a été plus compliqué pour les maths... j’ai aussi découvert le travail d’équipe, essentiel à mon métier aujourd’hui. Contrairement à ma précédente entreprise, le bureau d’études où je travaille est une véritable équipe. On peut échanger avec des collègues pour se faire conseiller ou les dépanner, s’adresser à des experts. Pour ma part, même si ça n’est pas mon métier, les collègues viennent souvent me voir pour des lectures de plan électrique. J’aime beaucoup cet esprit de collaboration. On ne reste pas enfermé dans une idée, ça permet de changer de direction, de se remettre en cause.
Les étudiants ne voient pas toujours l’intérêt de l’anglais dans leur formation
- Aujourd’hui tu es passé de l’autre côté de la formation en tant que vacataire. Quelle est la nature de tes interventions ? - Je réponds à un besoin du département en anglais technique. J’effectue dans chaque promotion de GEII un TD et un TP de 3h ou 4,5h. Le TD est là pour poser des bases de vocabulaire technique. Pour le TP, il s’agit de n’importe quelle séance d’automatisme. C’est une séance normale, mais avec la seule consigne de me parler uniquement en anglais. Les étudiants ne voient pas toujours l’intérêt de l’anglais dans leur formation. C’est dommage, car c’est un outil essentiel pour accéder à l’autonomie : les documentations techniques, les échanges à
l’international, ...
- Et comment juges-tu l’autre côté de la formation ?
- C’est un plaisir de travailler avec les étudiants. Je connais la formation, du coup c’est facile, j’anticipe les difficultés. J’aimerais m’investir davantage, en particulier dans la création des sujets de TP. Mais le temps me manque. Le temps passé dans la formation s’ajoute à mon temps passé en entreprise.
- Et côté alternance, as-tu eu l’occasion de voir aussi « l’autre côté » ?
- Je suis tuteur d’un alternant depuis septembre en licence SARI. De mon expérience j’essaye de lui faire comprendre l’importance d’anticiper, en particulier la rédaction du rapport. Ça peut paraître dérisoire mais c’est un élément essentiel de la formation.
- Pour ton avenir professionnel qu’envisages-tu ?
- Les missions dont j’ai la charge aujourd’hui sont tellement variées que je me plais beaucoup à mon poste. Je suis multi projets, ça me permet de voir toute la vie d’un projet du début à la fin et d’en mener plusieurs en parallèle. J’ai besoin de changer, d’apprendre encore des choses, de découvrir. ORANO Projets peut m’offrir cette opportunité d’évoluer et de changer de domaine si j’en ai envie un jour.
N°96 // MAI 2022 // AUTOUR DU COLLOQUE DE CHERBOURG / 19
  REVUE DES DÉPARTEMENTS DE GÉNIE ÉLECTRIQUE & INFORMATIQUE INDUSTRIELLE





































































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