Page 12 - GESI n°96 // Mai 2022
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12 // LES SAÉ ET LEUR MISE EN PLACE SUR LE TERRAIN
 Comme un jardinier dans son jardin
Avant d’être interrompu, Aurel, casque sur les oreilles, est absorbé par l’écran de son poste de travail. Concentré sur une tâche qui, à la veille de l’échéance, mérite toute son énergie, il accepte néanmoins de poser ses écouteurs et d’en parler.
Il est en train de travailler sur son portfolio. Il le fait à travers Google Sites, un élément de la suite Google, qui permet de fabriquer aisément son propre site web, avec un minimum de compétences. L’intérêt est alors de se focaliser sur le contenu plutôt que sur le contenant pendant cette année de mise en route. Dans l’avenir, septembre 2023 vraisemblablement, l’ensemble de l’université de Lille basculera sur Karuta, en cours de déploiement ici et déja utilisé à Annecy notamment.
Comme la majorité de ses collègues, Aurel a choisi de ne pas répertorier son site sur Internet. Ceci étant, il le construit avec rigueur et s’exerce à œuvrer comme le futur professionnel qu’il sera dans quelques temps. Par exemple, les images insérées dans la trame sont sourcées, référencées, et il peut en rendre compte.
Quant au contenu, Aurel l’a organisé autour des compétences sur lesquelles il a travaillé jusqu’à présent, à savoir “Concevoir” et “Vérifier”. Précédemment, il a été mis en situation sur divers apprentissages critiques, et c’est maintenant le moment où il en fait le retour à travers son portfolio. Pour chaque apprentissage, il contextualise : où, quand, comment s’est-il confronté à cet apprentissage ?
Puis Aurel “essaie de convaincre son lecteur comment il est monté en compétences”. A l’appui de ses dires, il insère des preuves. Le plus souvent, ce sont des images, des copies d’écran qui montrent l’évolution de ses programmes. Il élargit son propos en commentant des axes d’amélioration de sa réalisation.
Plus loin, une carte mentale résume les points importants travaillés à l’occasion de la SAÉ N°1. Aurel l’a insérée, en suivant les recommandations associées à l’exercice : avec un tel outil, il s'entraîne à synthétiser sa pensée et à diversifier les modes d’expression.
Aurel en plein jardinage
A entendre Aurel en ce début Mars 2022, on se dit qu’il y a eu du chemin parcouru depuis la rentrée de Septembre.
Pour les étudiants, l’exercice est inédit, et même d’abord incompris : “au début, c’était compliqué : que nous demandait- on au juste ? Pour beaucoup, ce n’était pas intéressant” dit Théo.
Wahiba le déclare sans ambages : “je n’ai pas bien compris ce qu’il fallait faire et pourquoi il fallait le faire”, ce que confirme Emma. Loïc, lui, concède que c’est après coup qu’il a commencé à intégrer ce qu’on attendait de lui.
En les écoutant, on mesure combien les étudiants sont, au moins en début de cursus, démunis face à un tel travail introspectif, jusqu’à s'interroger sur l’intérêt, non pas de s’autoévaluer, mais d’en rendre compte par écrit.
Ainsi s’exprime la tension entre le “faire” (être dans la réalisation concrète) et la prise de recul, toujours aussi difficile, notamment à l’écrit.
Cette tension doit beaucoup à l’origine de l’étudiant : un bac technologique semble moins bien préparé qu’un bac général à une telle attitude de prise de distance. Il faut en effet accepter que le processus d’apprentissage passe avant l’obtention d’un résultat technique opérationnel (“ça marche !”), et que la compréhension de ses erreurs, l’argumentation face à différentes options sont autant de points d’appui dans la démarche professionnelle en construction.
  GESI // 41e ANNÉE



















































































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