Page 16 - Bergerac-Duras Mag Connexion n° 02
P. 16

 INAO : un dispositif pour stimuler
l’innovation en AOC
Juridique
  Le dernier Comité National Vin de l’INAO (CNAOV) qui s’est déroulé le 7 février a défini le cadre d’un nouveau protocole permettant d’innover en matière culturale ou œnologique, tout en conservant le bénéfice de l’AOC. Cette évolution essentielle ouvre
le champ des possibles et va permettre aux ODG de répondre aux enjeux du changement climatique comme aux attentes sociétales en s’appuyant sur l’innovation technique.
Elle constitue un grand pas
en avant pour favoriser la résilience de la viticulture d’AOC.
Dans la continuité du dispositif des VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adap- tation), qui est de plus en plus largement
mis en œuvre en Gironde, le dernier Co- mité national Vin de l’INAO a approuvé la possibilité d’étendre ces démarches d’ex- périmentation aux pratiques culturales ou œnologiques. Ces expérimentations se dérouleront selon un cadre bien défini, res- pectueux des principes des appellations, notamment du lien au terroir.
Les nouvelles orientations politiques seront traduites dans une directive qui devrait être validée lors du Comité natio- nal du mois de juin 2023, après avis des comités régionaux (CRINAO) au cours du printemps.
Pour Bernard Engelras, président du groupe de travail « scientifique, tech- nique et innovations » du CNAOV : « Avec ce dispositif, l’INAO donne des outils aux ODG pour s’inscrire dans la viticulture du XXIe siècle ».
Les conclusions adoptées par le Co- mité National introduisent la possibilité de mettre en place, à l’échelle de chaque
appellation, un dispositif d’évaluation des innovations (DEI).
Il sera ainsi possible d’introduire à des fins d’expérimentation, dans les cahiers des charges des appellations, à petite échelle et pour une durée donnée, des conditions de productions innovantes, pratiques culturales ou œnologiques, dans le cadre d’un protocole de suivi adap- té. Ces pratiques seront évaluées pour une période définie dans le protocole.
Le bilan de ces évaluations ainsi qu’une analyse de l’appropriation de ces pratiques à l’échelle de l’appellation permettra, à l’is- sue de la période prédéfinie, soit d’intégrer la pratique dans le cahier des charges de l’appellation, soit de l’encadrer, soit de la rejeter.
Il est également prévu de multiplier et diversifier pendant la période d’expérimen- tation le recours aux expertises scienti- fiques afin de pouvoir suivre l’adaptation de ces pratiques aux enjeux climatiques ou écologiques mais aussi d’évaluer leurs impacts sur les caractéristiques des pro- duits et leur lien au terroir.
Certaines exigences du dispositif ont d’ores et déjà été validées :
• Une accessibilité à tous les opérateurs de l’AOC.
• Une limitation des quantités mises en œuvre et commercialisées, s’inspirant de ce qui a été mis en place pour les VIFA, (5 % des surfaces mises en œuvre, hors zones de non-traitement (ZNT) ou 10 % des volumes après assemblage en vue de la mise à la consommation), mais son ampleur nécessitera une application au cas par cas à partir des spécificités de la condition à évaluer. En tout état de cause, les modalités précises de limitation des surfawces ou des volumes mis à la consommation seront indiquées dans le cahier des charges.
• Un suivi des innovations par un orga- nisme habilité à conduire des expérimen- tations, désigné par l’ODG.
• Un engagement de l’opérateur à effec- tuer les observations, mesures et prélève-
Crédit Photo : Favoreatdesign-CIVB
ments définis par le protocole. Pour cela, il signera une convention avec l’ODG et l’INAO.
• Une clause de revoyure. Cette conven- tion fixe notamment la durée de la période d’évaluation et la date de la clause de re- voyure où le bilan de l’évaluation sera ré- alisé et présenté devant les instances de l’INAO. La durée de l’évaluation dépendra de la condition à évaluer.
• Une réversibilité de l’expérimentation. Cette convention prévoit également que l’opérateur accepte de se soumettre aux décisions des instances de l’INAO à l’issue de la période d’évaluation : la condition de production modifiée, si elle n’a pas donné satisfaction, pourra alors être abandon- née sur décision du Comité National et après avis de l’ODG.
D’ici au Comité national de juin pro- chain, des exigences complémentaires devront être précisées, comme le nombre maximal d’innovations pouvant être intro- duites par cahier des charges.
Ce dispositif nouveau reposant sur l’in- novation à l’initiative des professionnels constitue un pas en avant très important pour moderniser le concept d’appellation et lui permettre de s’adapter aux évolu- tions climatiques comme aux attentes des consommateurs.
> Yann Le Goaster
 CONNEXION - VINS DE BERGERAC ET DURAS - MARS 2023 16






































































   14   15   16   17   18