Page 6 - Talence CitéMag - Mai 2021
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L’Institut petite enfance Boris Cyrulnik de retour à Talence !
Cette année encore, l’Institut petite enfance (IPE), fondé par le célèbre neuropsychiatre qui a introduit le concept de résilience, viendra proposer une conférence aux familles talençaises.
Depuis 2019, dans le cadre du partenariat entre le service petite enfance de Talence et l'IPE, plusieurs rendez-vous sont proposés aux Talençais. Cette année encore, les parents talençais auront la chance d’entendre une spécialiste leur expliquer le fonctionnement des enfants dans la tranche d’âge que l’on appelle la « petite enfance », entre zéro et trois ans.
Cette année, la conférence aura lieu le 25 juin et sera animée par Chloé Ruby sur le thème des émotions (voir encadré).
  RENDEZ-VOUS LE 25 JUIN !
Développer les compétences des professionnels et soutenir la parentalité est l’ambition commune que partage la mairie de Talence et l’Institut de la petite enfance.
En effet, comme le dit si bien Boris Cyrulnik, « faire naître un enfant n'est pas suffisant, il faut aussi le mettre au monde » d’où ce souhait de permettre au plus grand nombre de mieux le comprendre pour bien accompagner ses premières années. Chaque année un chercheur de renommée nationale voire internationale vient ainsi partager ses connaissances et échanger avec toutes celles et ceux qui s’intéressent au développement du jeune enfant. Cette année, ce sera Chloé Ruby, à l’origine de la théorie du bébé libre-explorateur qui, s'il a besoin de repères, est aussi pleinement compétent pour s'ouvrir et cheminer, de lui-même et par lui-même, dans le monde.
Rendez-vous le vendredi 25 juin à partir de 19h30 à l’IRTS (ou sous la forme d’un webinaire si les conditions sanitaires ne le permettent pas.
Pour vous inscrire, envoyer un mail à : ipe.talence@yahoo.com
Rencontre avec Boris Cyrulnik
Après nous avoir fait l’honneur de venir en personne à Talence pour la première conférence organisée en 2019 par le service petite enfance en partenariat avec l’IPE, Boris Cyrulnik a accepté de répondre à nos questions pour guider, avec beaucoup de bienveillance, les professionnels et les parents talençais. Voici un extrait de notre échange.
Talence Citémag : « Qu’ont apporté les neurosciences dans la compréhension des jeunes enfants ? »
Boris Cyrulnik : « Il a longtemps été dit que le bébé n’était qu’un produit biologique et que, tant qu’il ne parlait pas, il ne pouvait rien comprendre. Les neurosciences ont démontré l’inverse après des décennies de débat scientifique. Aujourd’hui, nous savons incontestablement que le processus de structuration émotionnel de l’individu démarre dès sa vie intra-utérine, par le biais des émotions maternelles. C’est ce que l’on appelle l’épigénèse. Le ventre de la mère est donc la première niche sensorielle qui façonne les émotions. Or les substances hormonales du stress comme les catécholamines et le cortisol peuvent franchir la barrière du placenta et impactent ainsi le développement du fœtus.
Alors que j’étais encore étudiant, si un enfant avait des altérations cognitives on recherchait ce qui allait mal en lui : son
cerveau, ses chromosomes, ses intoxications. Aujourd’hui, avec les raisonnements écosystémiques, si un bébé présente des altérations cognitives, on se penchera, après avoir éliminé les causes pathologiques, sur
la structure de sa niche sensorielle. Et c’est le plus souvent le malheur de la mère qui joue un rôle dans ses altérations. »
T.C : « Une fois que l’on
comprend ces enjeux, en tant que parent, comment accompagner les jeunes enfants dans la gestion de leurs émotions ? »
B.C : « Les enfants qui naissent aujourd’hui sont sculptés de manière différente : leurs émotions ne sont pas les mêmes, notamment avec l’apparition des écrans. Devant les écrans, les enfants ne savent pas traiter l’expression des émotions et notamment les mimiques faciales : l’écran ne leur a pas appris à contrôler leurs propres émotions.
Dans notre culture, la dilution des liens familiaux nécessite l’intégration de substituts valables. D’où l’importance des métiers de la petite enfance et de leur formation. Quand on était gamin on disait qu’il suffisait de nourrir, de laver et de « dresser » les garçons à coup de martinets. Des méthodes éducatives d’une immense brutalité ! Pour éviter le retour à ces méthodes, il est indispensable
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