Page 2 - Talence CitéMag - Novembre 2017
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Maires et pairs
Le 18 octobre dernier, Emmanuel Sallaberry succédait à Alain Cazabonne (maire depuis 1993), devenu séna- teur de la Gironde, au poste de maire de Talence. Quelques jours auparavant, « Talence Cité Mag » les avait rencontrés pour un entretien libre et croisé autour de notre ville et de ce que signifie en être le premier édile. Conversation à bâtons rompus.
« Talence Cité Mag » : Dans quelles circons- tances avez-vous été amenés l’un à devoir quitter votre mandat de maire, l’autre à ac- cepter de le devenir ?
Alain Cazabonne: Comme vous le savez la loi sur le cumul des mandats implique que l’on ne puisse exercer un mandat parlementaire avec un mandat exécutif local. Le paradoxe est que j’avais été candidat au Sénat, d’abord à une époque où cette loi n’était pas votée, ensuite et surtout parce que le Sénat me paraît être l’émanation des territoires. C’est pour les défendre et rester ainsi plus encore au service des Talençais que je m’étais présenté. Aujourd’hui, suite à la démission de trois sénateurs girondins, c’est «mécaniquement» que j’accède à cette fonction. Si j’ai décidé de l’accepter, c’est avant tout parce que j’ai trouvé celui qui pourrait prendre ma suite comme maire. Je ne connais pas Emmanuel Sallaberry depuis longtemps, mais en revanche, depuis trois ans qu’il est à mes côtés en qualité d’adjoint aux finances, j’ai pleinement pu mesurer qu’il était largement pourvu des trois qualités à mes yeux essentielles pour représenter les citoyens: la compétence d’abord, bien sûr; puis la fidélité, aux hommes et aux idées; enfin, l’attachement à des valeurs humanistes et solidaires (que cet attachement s’exprime ou non dans le cadre d’un parti politique) qui ont toujours fondé mon engagement. Parce que - et je suis sûr qu’Emmanuel le sait déjà - être élu, c’est être au service des autres, avoir la volonté d’agir pour eux au quotidien. Aussi dès que j’ai eu l’assurance qu’Emmanuel aurait la disponibilité nécessaire pour exercer la fonction de maire, n’ai-je plus eu aucun doute.
Emmanuel Sallaberry: Je suis Talençais depuis plus de dix ans et j’ai toujours été passionné par l’engagement public. C’est ce qui justifie que, lorsque se sont présentées les élections municipales de 2014, j’ai eu envie de participer à la campagne qui
s’ouvrait. Travailler pour et avec Alain Cazabonne, c’était une évidence pour moi. J’ai tout de même été très surpris, et plein de reconnaissance déjà, lorsqu’après notre victoire, il m’a confié les finances de la Ville. Je crois que peu de maires auraient eu (et même, ont eu) le courage de confier une tâche si cruciale à un parfait néophyte. Dans les conditions socio-économiques difficiles que vous connaissez, il m’a fallu, avec l’aide de tous, veiller à préserver nos grands équilibres, c’est-à-dire notre qualité de vie. Ce fut aussi ma préoccupation lorsque j’ai également assumé par la suite la charge de la délégation aux ressources humaines. J’ai aussi fait en quelque sorte « mes armes » lors du dossier complexe du stationnement réglementé en ville. J’ai essayé à cette occasion de mettre en pratique ma volonté à la fois de proximité et d’écoute et de faire en sorte que la décision procède toujours de cette concertation préalable. Je crois que nous sommes parvenus à un bon compromis. D’un point de vue personnel, cela a achevé de me convaincre de ma passion pour le service public et au public. Parvenu à ce moment de ma vie, papa depuis peu de jumeaux de dix mois, j’ai décidé de m’y consacrer pleinement en quittant mes fonctions au sein d’une grande entreprise parapublique liée à l’industrie de la Défense.
Y a-t-il eu un « moment » particulier où c’est vraiment pour vous plus précisément « dessiné » votre choix ?
AC: J’ai vraiment découvert la capacité d’écoute, mais aussi de dialogue et de synthèse d’Emmanuel au moment du
« dossier » du stationnement payant. C’était une situation compliquée, avec des intérêts légitimes et divergents et Emmanuel Sallaberry s’en est emparé sans a priori avec à la fois autorité et compréhension. Et grâce à lui, une solution satisfaisant je crois toutes les parties a pu être trouvée.
ES : C’est évidemment un ensemble de « moments » pour reprendre votre expression. Mais s’il fallait en isoler un, il est très récent, c’est la mise en place de notre budget participatif. Comme l’a récemment rappelé en plein Conseil Municipal de Bordeaux un élu Vert, nous avons été les premiers dans la Région à avoir osé en mettre un en place. Et on a eu plus de dossiers proposés à l’examen que la ville de Grenoble, pourtant quatre fois plus grande que nous, n’en a eu. Pour moi, c’est la preuve que c’est ainsi, dans cet esprit transversal et de dialogue, qu’il faut concevoir l’action politique.
Vous êtes-vous mis aussi d’accord sur le programme qui sera suivi ?
AC: D’abord Emmanuel sera un maire de plein exercice. Ce n’est pas à moi évidemment de lui dicter ce qu’il convient de faire. D’autre part, cela n’a pas vraiment fait l’objet de discussions entre nous tant cela nous est apparu évident. Les engagements pris en commun au début de la mandature en 2014 seront tenus. À commencer par la fin de la réalisation du centre-ville (il nous aura tout de même fallu quatorze ans...) et de la requalification du quartier de Thouars (là, c’est douze ans qui auront été nécessaires).